Women Wage Peace

Ils ne vont nulle part ainsi. Nous n’irons nulle part. / Tamar Mor Sela, Times of Israel, 23.8.24

Mariée, mère de cinq enfants et professeure au Mandel Leadership Institute, Gili Zivan a été évacuée près de la mer Morte. Elle est rentrée chez elle six mois plus tard ● Voici son histoire

 

Vendredi, nous avions célébré la veille de Simhat Torah. Nous avions accueilli Or et Tehillah, nos filles, qui vivent également à Saad avec leurs partenaires et leurs enfants, ainsi que mon fils Yigal, sa femme, et leurs quatre filles, venus d’Ein HaNatziv.

Simhat Torah est le moment le plus important de l’année pour des femmes religieuses de Saad et leurs invitées venues des villes environnantes – elles qui font partie du féminisme religieux dirigent alors la lecture de la Torah à la synagogue. Il s’agit d’une tradition aujourd’hui vieille de 20 ans, mise en place sous ma direction [en ma qualité d’éducatrice religieuse]. Nous prions avec l’ensemble de la communauté avant de nous rendre dans « notre propre synagogue », convaincues que ce changement est béni.

Je m’étais endormie en sachant que le lendemain matin, je devrais me lever tôt et tout organiser pour les prières, sur le plan logistique et spirituel.

À 6h30, ce sont les sirènes d’alerte aux roquettes qui nous ont réveillés, ça et la maison qui tremblait de toutes parts. Depuis la fenêtre de notre salon, on pouvait voir le kibboutz Kfar Aza, qui se trouve à 700 mètres de Saad. Et derrière, à certains endroits, on voit la périphérie de Gaza. En entendant le bruit caractéristique des tirs de roquettes, nous nous sommes préparés à nous retrancher dans notre mamad. Je me rappelle avoir dit : « Attendez, ça veut dire qu’il n’y aura pas de prières ? » Le passage entre élévation spirituelle et attaque massive à la roquette a été très brutal.

Nous sommes religieux et ne regardons donc pas la télévision le jour de Shabbat, mais dès que les sirènes ont retenti, nous avons rallumé nos téléphones. Nous ne voulions pas nous angoisser plus que nécessaire, aussi n’allions-nous dans notre mamad que lorsqu’il y avait des sirènes. Comme notre pièce sécurisée est exiguë, on en sortait autant que possible.

C’est alors que nous avons commencé à recevoir des messages dans le groupe WhatsApp Women Wage Peace : « Il y a des terroristes ici ! »

Une de mes amies de Kfar Aza a écrit qu’Ofir Libstein, chef du conseil régional de Shaar HaNegev, avait été tué. Mais le message qui m’a fait le plus peur est celui de Vivian Silver, du kibboutz Beeri.

Trois jours avant cela, nous nous étions retrouvées à la mer Morte pour un événement de Women Wage Peace et de son homologue palestinien, Women of the Sun. Il y avait des participants d’un peu partout dans le monde et nous avions demandé une solution au conflit israélo-palestinien.

J’étais encore dans la bonne énergie de cette réunion lorsque nous avons reçu le message de Vivian : « Ils ont enfoncé ma porte. Je suis cachée dans un placard de la mamad. Si je survis, je mettrai désormais un gros couteau dans ma pièce sécurisée. C’est incroyable que je sois encore capable d’écrire tellement je tremble. » Immédiatement après, elle a envoyé un nouveau message : « Ne m’appelez surtout pas. »

Vivian est la personne la plus logique et la plus posée que je connaisse. Son message m’a fait comprendre que le monde dans lequel je vivais s’était effondré. Je me rappelle avoir dit à Yigal, « Ce qui se passe entrera dans l’Histoire, un peu à la manière du pogrom de Kichinev. C’est littéralement incroyable. »

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