Yuval Rahamim dirige le Forum des ONG pour la paix qui regroupe 120 ONG travaillant sur le conflit israélo-palestinien (droits de l’homme, cohabitation…). Un forum créé il y a un peu plus de dix ans par l’Israélien Ron Pundak, un des architectes des accords d’Oslo, qui a dirigé le centre Pérès pour la paix. Yuval Rahamim, qui était à Paris la semaine dernière pour inaugurer à la mairie du IIIe arrondissement l’exposition de photos «Activistes de la paix» (jusqu’au 9 février), a dirigé pendant quatre ans l’association des familles endeuillées qui regroupe des proches des victimes des deux camps et encourage le dialogue entre Israéliens et Palestiniens dans les écoles ou centres communautaires. Le but, dépasser l’esprit de vengeance, montrer que si les familles parviennent à surmonter leur peur et leur haine de l’autre, alors la société le peut aussi. Malgré le contexte politique, il refuse de perdre le moindre espoir.
Comment parvenez-vous, dans le contexte actuel, à nourrir encore le moindre espoir de paix entre Israéliens et Palestiniens ?
On n’a pas le choix. On ne peut pas lâcher, même quand il n’y a plus d’espoir. Si l’on arrête de croire à la paix, qu’allons-nous devenir ? Il faut continuer à parler de ce qui se passe dans les Territoires car il y a beaucoup d’ignorance sur le sujet en Israël. Parfois je perds espoir, en effet, et puis je me dis que si j’arrive à convaincre ne serait-ce qu’un étudiant en partance pour l’armée que face à lui il va trouver des êtres humains, alors cela sert encore à quelque chose d’y croire.
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En fait, se dire de gauche est devenu un gros mot, un handicap en Israël ?
Oui, toutes les ONG considérées comme telles, celles qui militent contre l’occupation par exemple, même Shalom Akhshav [la Paix maintenant, ndlr], ont perdu leur crédibilité auprès d’une large part du public israélien. Ne peuvent être audibles que celles qui parlent d’abord de l’intérêt des Israéliens. Notamment Women Wage Peace (les Femmes pour la paix), une ONG créée en 2014 pendant la guerre de Gaza, qui regroupe des femmes de droite et de gauche, des religieuses et des laïques, juives et arabes (y compris palestiniennes). Elle n’intervient pas sur le terrain politique mais insiste sur la nécessité d’arriver à un accord pour le bien des familles, la sécurité des fils, des maris… Ces ONG arrivent à toucher beaucoup de monde. Une autre, les Commandants pour la sécurité d’Israël, composée de 280 anciens généraux issus de l’armée ou des autres services de sécurité du pays, montre, plans à l’appui, que la fin de l’occupation est le meilleur moyen d’assurer la sécurité du pays.

